Le suicide au travail est-il un acte personnel ?


Il est fréquent que la hiérarchie qui apprend le suicide d'un travailleur se protège en se convaincant qu'il ne puisse être que la conséquence de l'environnement personnel « si la personne avait eu un soutien familial, cela ne serait pas arrivé ».

C'est une réaction bien connue de conflit de loyauté. Conflit que l'on trouve en particulier dans la reproduction de rite de mutilation. « Mes parents me l'ont fait. Mes parents sont des gens bien. Je veux être quelqu'un de bien et je reproduis ce que j'ai subi. » Mais voilà, le mal ne se trouve pas dans les parents, mais dans le rite lui-même. Il suffit d'en prendre conscience pour que cela s'arrête.

Par le même raisonnement un responsable dira « Si elle ne s'est pas suicidée pour raisons personnelles, ce serait alors à cause de sa hiérarchie, donc de moi. Si c'était le cas, je serais donc un salaud. Et comme je n'en suis pas un, cela ne peut pas être à cause du travail. Je trouverais bien une cause personnelle à son suicide. »

L'erreur est de croire que le harceleur serait un salaud. Pierre Dardot (philosophe contemporain) nous dit que l'étudiant qui reçoit le coup de matraque n'est pas le « gentil ». Peut-être bat-il ses parents en rentrant chez lui. Le flic qui tabasse n'est pas le « méchant ». Peut-être est-ce le seul travail qu'il ait trouvé pour sortir ses proches de la misère. Le mal est tout simplement dans la relation de domination entre flic et étudiant. C'est cette relation qu'il faut combattre pour libérer à la fois la victime et son agresseur. Il suffirait de mettre fin aux injustices pour qu'il n'y ait plus de manifestations étudiantes. Il suffirait de donner un emploi à tous et d'abolir la propriété pour qu'il n'y ait plus de vol.

Bien évidemment, un suicide est une décision personnelle. Mais qu'est-ce qui motive une telle décision ? Interrogeons-nous sur les principales causes personnelles d'un suicide ? Ne seraient-elles pas :

  • le mal-être au travail du aux pressions de la hiérarchie,
  • les difficultés financières liées à l'emploi précédent ?

Le divorse est une issue possible à une mésentente conjugale. Mais quand rien ne va plus au travail, quelle place peut-on espérer dans la société ? Parfois les proches peuvent compenser. Mais pourquoi les entreprises comptent-elles sur les proches pour faire face aux dégâts qu'elles engendrent ?

Il est dommage que l'institut public de statistique n'est pas d'étude sur le nombre de morts du au capital. Combien d'actionnaires ont conscience de leurs responsabilités des suicides dus, à un surcroît de travail pour leurs bénéfices, ou par manque de travail pour des licenciements « économiques ». Sans parler des morts au nom du profit : Fukushima, Bhopal, Seveso, Amiante, Vache folle… 1)



François

suite_de_l_agenda/le_suicide_au_travail_est-il_un_acte_personnel.txt · Dernière modification : 28/10/2013 18:56 de 127.0.0.1