Alors que depuis les années 2000, il existe des procédés de transport de valeurs sans risque pour l'entourage, les sociétés modernes exigent toujours plus de violence dans les rues (vidéovoyeurisme, atteinte à la vie privée, armes à feu, …). Pourquoi avons-nous fait ce choix collectif ?
Quelques mots sur le principe. Des billets sont placés dans une mallette bourrée d'électronique. Un GPS vérifie en permanence son trajet. Au moindre écart, ou si l'on ouvre la boîte avant destination, les billets sont détruits. Rassurez-vous, il est interdit de recourir à des moyens pyrotechniques, car ces mallettes peuvent tomber dans les mains d'un handicapé mental ou d'un enfant. Les billets sont simplement détruits en étant maculés d'une encre indélébile. Le propriétaire n'a simplement qu'à se rendre à la Banque de France (disons que l'on est en 2000), pour se faire rembourser après enquête. Vous ne me croyez pas ? Pourtant cela fait des années que le dispositif est en place par exemple en Belgique 1).
Imaginons un instant, un instant seulement, que nous soyons dans un pays qui fasse le choix que des citoyens soient assassinés dans la rue pour la simple cause d'un vol à proximité. C'est absurde, je l'admets. Mais imaginons. Et paraphrasons le chanteur Graeme Allwright auteur de « Qui a tué Davy Moore ».
Qui assassine sans procès ? Que de violence gratuite ! Et pourquoi est-il mort ?
“C'est pas moi” dit le banquier ! Ce dispositif coûte assez cher. Après tout je ne suis pas responsable des morts par balles perdues des cow-boys de l'escorte. Ce serait de la sur-qualité que de m'équiper de ces dispositifs. S'il y a des morts ou des blessés, je ne suis pas payé par la sécurité sociale pour les éviter. Et puis le pouvoir aurait pu le rendre obligatoire en changeant la loi.
Qui assassine sans procès ? Que de violence gratuite ! Et pourquoi est-il mort ?
“C'est pas moi” dit le pouvoir ! J'ai assez de soucis avec les lois de privatisation pour m'occuper de diminuer la violence dans les rues. Et puis les transporteurs ont investi des millions dans le renforcement des blindages. Je ne veux pas de faillite économique. Ils risquent de manifester contre la réduction du temps de travail. Et après tout, ce n'est pas moi qui ai tiré.
Qui assassine sans procès ? Que de violence gratuite ! Et pourquoi est-il mort ?
“C'est pas moi” dit l'assassin ! On dit que j'ai choisi ce métier pour que ce jour arrive, mais c'est pas vrai. Cette fois, c'était un enfant en poussette, mais cela aurait pu être un vrai voleur au chômage depuis vingt ans. Et après tout, pour cela on me paye. Et puis les passants voulaient du spectacle.
Qui assassine sans procès ? Que de violence gratuite ! Et pourquoi est-il mort ?
“C'est pas nous” disent les passants ! C'est vrai que la violence ne nous fait pas peur, on en voit assez sur les écrans. Et puis, on paye assez d'impôts comme ça pour avoir des armes et des caméras partout. L'Internet regorge de gens qui étalent leur vie privée sur des réseaux d'exhibition et affirment qu'il faut de la violence pour se sentir bien en société et qu'il faut soutenir ceux qui se font justice eux-mêmes.
Qui assassine sans procès ? Que de violence gratuite ! Et pourquoi est-il mort ?
“C'est pas nous” disent les réseaux d’exhibition ! Si nous sommes d'apparence gratuite et que nous sommes côtés en bourse, c'est que l'on vend nos internautes. Le collectif nous fait peur car il pourrait remettre en cause nos petites affaires. C'est pour cela que nous prônons l'individualisme. Plus on « like » un assassin plus on vend d'internautes aux publicitaires. C'est le business. C'est pas nous qui avons choisi de vivre dans un pays capitaliste.
Qui assassine sans procès ? Que de violence gratuite ! Et pourquoi est-il mort ?
Heureusement que ce pays n'existe pas.
Car quel citoyen pourrait encore se regarder dans un miroir sachant qu'il vote pour des représentants complices des mêmes inavouables pulsions de violence ? Des représentants qui, depuis la 2nd guerre, ont toujours mis le capital avant la vie d'un citoyen.
François