Au 21e siècle, des enfants croient encore au Père Noël, aux bonnes fées. Et nous ? Sommes-nous si loin de ces croyances ? Par exemple, ne vous êtes-vous jamais dit « L'Internet, tu es mon ami ». A en croire les décisions du CROUS de Rennes, l'administration aussi.
En effet, en Bretagne (et sûrement dans toute la France également ), le CROUS a pris le cap de l'Internet.
Évidemment, c'est écologique, moderne, efficace et créateur d'emploi.
Et si on arrêtait les clichés de la pensée unique pour utiliser notre cerveau quelques instants.
Mais enfin, tu sais que l'Internet c'est écologique bien plus que le papier.
L'Internet pollue. Il représente 10 % de la consommation électrique mondiale en 2013 soit 1 000 terra watts (l'équivalent de 770 réacteurs nucléaires de 1 300 méga watts). Quant au papier, il me semblait être un cycle court de fixation du carbone, contrairement aux énergies fossiles en cycles longs : uranium, gaz de schiste…
Peut-être, mais l'Internet est économique, c'est indéniable. Même pour moi, c'est « gratuit ».
L'Internet, en plus du coût de la production électrique et des centres de données, nous coûte cher en dividendes boursiers des opérateurs GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). Ces prestations soit-disant gratuites sont prises en charge par la publicité et pèsent donc lourd dans notre budget de consommation alimentaire (fuite de capitaux des citoyens français vers l'étranger).
OK. Mais l'Internet crée de l'emploi. Même le gouvernement actuel nous dit qu'il va investir massivement dedans. C'est donc dans l'intérêt des plus pauvres, puisque le PS est de gauche. Enfin, je crois…
Je ne m'aventurerai pas à répondre à une question de croyance. En revanche, concernant l'Internet c'est facile. Par l'automatisation des traitements sous le contrôle de multinationales étrangères (telle P**pal), l'Internet supprime massivement des postes de fonctionnaires au profit d'opérateurs privés non-élus (fuite de nos capitaux publics vers l'étranger).
D'accord, mais dis-moi, c'est au moins confidentiel. Parce que lorsque le CROUS me demande ma déclaration d'impôt, c'est un agent qui la lit. Alors que par l'Internet c'est des machines. Donc c'est plus sûr.
Comment dire… Les données personnelles (tels les paiements en ligne que nous nous imposons (oui l'état, c'est nous !)) sont conservées par des serveurs qui ne sont pas régis par les lois françaises. Tu n'as jamais entendu parlé du « USA PATRIOT Act ». Pourtant, c'est ce qui permet aux étasuniens de connaître toute ta vie intime, en fouillant justement dans ces serveurs dont auxquels tu as toute confiance : le « cloud » (nuage en français ou brouillard si tu préfères).
J'ai compris, l'Internet c'est polluant, coûteux, destructeur d'emploi, violeur de vie privée, mais cela reste facile à utiliser.
Facile pour qui ? Un simple exemple, il va y avoir des élections professionnelles le 4 décembre 2014. Dans certaines administrations, il y aura généralisation du vote en ligne. Sais-tu pourquoi ?
Justement, parce que c'est plus facile, tiens !
En fait, les expériences précédentes ont montré que l'on passe de 80 % de votants avec un bulletin papier à 50 % avec un dispositif via l'Internet. S'il y a un choix rationnel, ce doit plutôt être celui de réduire l'expression démocratique.
Par ailleurs, j'ai entendu dire que des collègues proposaient d'aider les autres en votant à leur place. La dématérialisation permet ce genre d'entre-aide. En plus, leur mot de passe c'est une sorte de numéro de matricule de l'agent. Un peu comme si pour voter à la mairie tu utilisais ton numéro de sécu, qui n'est connu que par ton médecin, ton opticien, ton chirurgien, leurs secrétaires, ton pharmacien, ta mutuelle… Bref, tu vois, c'est ce que l'on appelle une information confidentielle.
En résumé, je ne suis pas choqué que certains croient encore aux fées. Et que par conséquent, ils fassent le choix de détruire notre planète, notre économie, nos emplois, nos intimités. Pour ma part, je n'ai jamais rien payé via l'Internet et cela ne regarde que moi.
En revanche, j'ai du mal à comprendre que l'administration, notre gouvernement, bref des gens instruits, qui tous les jours nous disent être dans le combat économique mondial, nous imposent ce fléau.
François