Par Dominique Vidal.
« Le Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) affirme la nécessité de poursuivre la démarche à l’ONU à la prochaine session de l’Assemblée générale, pour obtenir la reconnaissance de l’adhésion d’un Etat de Palestine sur les frontières du 4 juin 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale 1) », déclare dans un communiqué son secrétaire général, Yasser Abed Rabbo.
Autrement dit, sauf surprise de dernière minute, le 20 septembre prochain, l’Organisation des Nations unies (ONU) sera saisie de la candidature de la Palestine. Selon les observateurs, plus de 129 Etats – c’est-à-dire la majorité des deux tiers requise pour l’admission d’un nouveau membre – ont d’ores et déjà annoncé qu’ils voteraient en sa faveur. Quinze à vingt autres envisageraient d’en faire autant. On ignore, en revanche, le verbatim de la (ou des) résolution(s) soumise(s) à l’Assemblée générale. S’il s’agissait effectivement d’accueillir formellement un nouvel Etat, il faudrait saisir le Conseil de sécurité, au sein duquel les Etats-Unis ont annoncé qu’ils useraient de leur droit de veto. Les efforts de dernière minute de la diplomatie américaine – et européenne – afin d’éviter un « clash » à l’Assemblée générale incitent à la prudence. Washington cherche à reprendre la main dans un monde arabe en plein bouleversement et un tel veto lui coûterait sans doute très cher.
Dans une nouvelle intitulée La Fêlure, Francis Scott Fitzgerald écrit cette phrase célèbre : « On devrait pouvoir comprendre que les choses sont sans espoir et cependant être décidé à les changer… » Mais on oublie généralement ce qui précède : « La marque d’une intelligence de premier plan est qu’elle est capable de se fixer sur deux idées contradictoires sans pour autant perdre la possibilité de fonctionner. 2) » Quel rapport, dira-t-on, avec le « tsunami diplomatique » – l’expression est d’Ehoud Barak 3) – qu’Israël s’attend à subir en octobre ou novembre à New York ? C’est que la perspective de cette bataille onusienne suscite deux débats distincts, mais hélas comme confondus, ce qui les rend difficilement compréhensibles.
Le premier porte sur l’avenir même de la construction institutionnelle et politique susceptible de régler au mieux le conflit israélo-palestinien, et qu’on résume en général avec cette question : « Un Etat ou deux Etats ? » Le second concerne l’attitude à adopter vis-à-vis de la démarche palestinienne en direction des Nations unies.
Ce sont là, dans un cas comme dans l’autre, des questions qui relèvent exclusivement, en dernier ressort, des Palestiniens et de ceux des Israéliens qui acceptent leur droit à l’autodétermination. Quiconque se préoccupe de la paix au Proche-Orient peut évidemment y réfléchir en toute légitimité. Mais prétendre les trancher à Paris relèverait de cet orientalisme dénoncé en son temps par le regretté Edward Saïd, voire d’une démarche néocoloniale…
Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale de l’ONU partageait la Palestine en deux Etats, l’un « juif » et l’autre « arabe », et créait une zone internationale pour Jérusalem et les lieux saints. Le sabotage britannique, les divergences américano-soviétiques à la veille de la guerre froide, les divisions arabes et surtout les ambitions sionistes eurent raison de ce plan. La guerre de 1947-1949, d’abord judéo-palestinienne, puis israélo-arabe déboucha sur un tout autre partage : Israël agrandit son territoire d’un tiers, annexant une partie de l’Etat arabe mort-né, dont les dépouilles furent récupérées par la Transjordanie (la Cisjordanie) et l’Egypte (la bande de Gaza). Pire encore : pour garantir durablement son caractère juif, il expulsa les quatre cinquièmes des Arabes de Palestine – qui ont appelé ce nettoyage ethnique la Nakba (catastrophe).
Moins de vingt ans après, au terme de la guerre des Six Jours, Tel-Aviv s’emparait du reste de la Palestine et commençait son œuvre de colonisation…
Et pourtant, depuis plus de six décennies, malgré l’avortement du plan de partage, la communauté internationale reste fidèle – en paroles – à son principe : résoudre le conflit par la coexistence de deux Etats. Il aura fallu l’échec du bien mal nommé « processus de paix » d’Oslo, la seconde Intifada et l’impasse totale provoquée par l’intransigeance des gouvernements Barak, Sharon et Netanyahou pour que l’autre perspective, celle d’un Etat unique, revienne au premier plan.
Cette vision avait eu, rappelons-le, ses partisans de part et d’autre. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, autour d’intellectuels de premier plan comme Martin Buber et Judah Magnès, un courant binationaliste se développera et gagnera en influence dans le Yichouv, la communauté juive de Palestine : les formations qui s’y reconnaissaient obtiendront ainsi, aux élections syndicales et politiques de 1944, plus de 40 % des voix, avant d’être balayées par la ferveur nationaliste de la guerre. Six ans plus tôt, ces partis avaient adopté avec la Ligue pour le rapprochement et la coopération judéo-arabes une plate-forme considérant que « la construction de la Palestine comme patrie commune du peuple juif y retournant et du peuple arabe y résidant doit être fondée sur une compréhension et un accord mutuel durables ». Et de prôner « la non domination d’un peuple par un autre indépendamment de leur force numérique respective », donc « un régime binational en Palestine. 4) »
Du côté palestinien, dans les années 1960 et 1970, l’OLP se fixera pour objectif d’« édifier une société libre et démocratique en Palestine, pour tous les Palestiniens qu’ils soient musulmans, chrétiens ou juifs, et de libérer la Palestine et son peuple de la domination du sionisme 5) ». Jusqu’en juin 1974, où son Conseil national se prononça pour l’établissement d’une « autorité indépendante, nationale et combattante sur toute partie libérée du territoire palestinien ». La centrale palestinienne ira au bout de cette logique le 15 novembre 1988 : ce jour-là, elle proclame à Alger l’indépendance de l’Etat de Palestine tout en entérinant les résolutions 181 de l’Assemblée générale onusienne du 29 novembre 1947 et 242 du Conseil de sécurité du 22 novembre 1967, donc l’existence de l’Etat d’Israël dans la mesure où ce dernier se plie au droit international.
Cette reconnaissance devient formelle lors des accords d’Oslo, en septembre 1993, à travers l’échange de lettres entre Yasser Arafat et Itzhak Rabin. « Avec l’établissement d’Israël en tant qu’Etat juif en 1948, l’idée binationale sembla condamnée à l’oubli politique, résume la politologue Tamar Herman dans sa contribution à un livre récent, consacré à ce courant influent avant-guerre et coordonné par Avi Gordon, du département des études juives de l’Université de Cincinnati 6). Mais voilà qu’un demi-siècle plus tard, sur fond d’effondrement du processus d’Oslo, d’irruption de la seconde Intifada, de réoccupation de facto de la Cisjordanie et de Gaza et en particulier de modification de l’équilibre démographique judéo-palestinien à l’ouest du Jourdain, ce concept apparemment oublié paraît effectuer un come-back politique. Cette fois, néanmoins, la plupart des avocats du binationalisme se trouvent du côté palestinien, avec quelques rares autres du côté israélien. Quelques observateurs extérieurs prônent également le binationalisme comme un recours. »
Quatre facteurs principaux vont en effet dans le sens d’une solution binationale du conflit israélo-palestinien 7) :
— Il s’agit d’abord – pourquoi ne pas le dire ? – d’un bel idéal, beaucoup plus conforme aux valeurs éthiques et démocratiques de ce début du XXIe siècle. Qui, après les expériences tragiques des guerres de Yougoslavie, du Caucase ou de l’Afrique des Grands Lacs pourrait encore prôner une conception du monde fondée sur sa fragmentation en Etats ethniques ou ethnico-religieux ? Et a fortiori les « nettoyages » ethniques qui en découlent un jour ou l’autre ?
— Loin d’être plaquée sur la réalité israélo-palestinienne, cette vision binationale plonge profondément ses racines, on l’a vu, de part et d’autre, dans le Yichouv d’avant-guerre comme dans la première décennie de combat de l’OLP.
— Mais c’est surtout l’échec de la stratégie politico-diplomatique adoptée ensuite par la centrale palestinienne qui explique la « renaissance » de l’idée binationale. Non seulement les trente-sept années écoulées depuis juin 1974 n’ont pas vu la naissance de l’Etat espéré sur une « partie libérée du territoire palestinien », mais Israël contrôle plus que jamais la Palestine occupée, sauf les petites zones autonomes de Cisjordanie (où il intervient souvent brutalement) et la bande de Gaza (qu’il étouffe avec un blocus à peine entamé par la révolution égyptienne et bombarde régulièrement). Le nombre de colons a été multiplié par cent, et leurs implantations couvrent plus de 40 % de la rive occidentale du Jourdain – à quoi s’ajoutent les zones annexées de fait par le mur et la vallée du Jourdain, quasiment interdite aux Palestiniens. Quant à Jérusalem-Est, elle compte désormais autant de Juifs que d’Arabes.
— Enfin, cette évolution sur le terrain a entremêlé toujours plus étroitement non seulement les deux économies, celle de la Palestine dépendant étroitement de celle d’Israël, mais aussi les deux peuples : d’un côté 500 000 colons juifs en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, de l’autre 1 500 000 Palestiniens citoyens d’Israël, héritiers des 150 000 qui parvinrent à échapper à l’expulsion de 1947-1949. L’extrême droite israélienne se sert d’ailleurs de la perspective d’un « Etat arabe » aux côtés d’un « Etat juif » pour en finir avec la citoyenneté des Arabes israéliens, voire pour préparer leur « transfert ». Avigdor Lieberman expose ainsi sans détour son « Plan pour une résolution du conflit 8) » : non pas un « transfert physique de population ni de démolitions d’habitations », mais la création d’« une frontière là où il n’en existait pas, en fonction de la démographie », si bien que « les Arabes qui vivaient, jusque-là, en Israël recevront la citoyenneté palestinienne ». Voilà qui a le mérite de la cohérence : l’ancien videur de boîte de nuit moldave se voit désormais videur des Arabes d’Israël.
Il y a là de quoi alimenter la réflexion sur un possible Etat unique, qui resterait toutefois à définir : constitutionnellement, juridiquement et politiquement, il en existe en effet beaucoup de variantes, de l’Etat unitaire dominé par une collectivité nationale (sans que les autres y jouissent de droits) à l’Etat binational (accordant des droits égaux aux différents groupes nationaux), en passant par le système d’« un homme une voix » ou encore à la reconnaissance pour les minorités de droits humains et civiques égaux (mais non de droits politiques collectifs)…
Mais quatre facteurs importants constituent des obstacles à la constitution d’un Etat unique :
— Tout d’abord la volonté des deux peuples concernés. Car on imagine mal qu’il faille imposer, par exemple, un Etat binational démocratique à deux peuples… qui n’en voudraient ni l’un ni l’autre. Or c’est jusqu’ici le cas de la quasi totalité des Israéliens, mais aussi d’une majorité de Palestiniens, moins nette il est vrai qu’auparavant : on comprend d’ailleurs que ces derniers, après quarante-quatre ans d’occupation, de colonisation et de violences, ne rêvent pas de vivre dans le même Etat que les Israéliens, dont ils ne connaissent plus que les soldats et les colons. L’étape bi-étatique peut apparaître de ce point de vue comme une phase nécessaire pour qu’Israéliens et Palestiniens acceptent éventuellement un jour de partager le même Etat.
— Le deuxième obstacle relève de la lucidité politique : depuis que l’OLP s’est prononcée pour un Etat palestinien aux côtés d’Israël, elle n’a pas réussi à l’arracher à ce dernier, alors que cette formule préserve l’existence d’Israël en tant qu’« Etat juif », aussi longtemps du moins que la majorité de sa population le souhaitera. Sur quels rapports de force s’appuierait-elle soudain pour lui imposer un Etat binational, synonyme, lui, de la fin de la conception sioniste ? L’« Etat juif » prôné par Theodor Herzl implique en effet le contrôle de la terre par une majorité juive…
— Dans ces conditions, l’Etat unique ne risque-t-il pas de se résumer à la réalité actuelle, à savoir un Etat d’apartheid ? Avec une autre série de questions, pour l’essentiel laissées par ses tenants sans réponse convaincante : quid du statut des deux peuples, dont l’un jouit aujourd’hui de tous les droits, y compris politiques, et l’autre d’aucun ? Quid des colonies de Cisjordanie ? Faudra-t-il, au nom de l’« équilibre » avec les Palestiniens d’Israël, en accepter le maintien ? Quid des garanties données à chaque nation et à chaque religion quant à la préservation de ses intérêts ? La bataille pour l’égalité des droits risque d’être longue et ardue, d’autant que les opinions publiques internationales se considéreront sans doute beaucoup moins concernées.
— D’où un dernier problème : si la ligne politico-diplomatique de l’OLP n’a pas abouti à la création d’un Etat palestinien, elle a néanmoins réussi à convaincre de sa nécessité l’essentiel de la communauté internationale, laquelle reste toutefois simultanément attachée à l’existence et à la sécurité de l’Etat d’Israël, un des rares qui lui doive la vie 9).
Aujourd’hui, la perspective de deux Etats s’inscrit dans le droit international et les résolutions de l’ONU, y compris celles du Conseil de sécurité. Renoncer à ce point d’appui bi-étatique au profit de la perspective d’un Etat unique reviendrait pour les Palestiniens à oblitérer toutes les batailles qu’ils mènent pour leurs droits. Certains d’entre nous se souviennent des années 1960, cette époque où la quasi totalité des opinions occidentales soutenait Israël et ignorait tout des Palestiniens, qualifiés de « réfugiés arabes 10) »…
Tels sont, très schématiquement résumés, les éléments d’un débat stratégique d’avenir, aussi légitime que fondamental, que nul ne saurait trancher – a fortiori dans un salon parisien – au nom de dogmes préétablis. L’autre débat, autour de la candidature de l’Etat de Palestine à l’ONU, est de nature conjoncturelle et tactique. Le seul lien, ténu, entre l’un et l’autre, tient à la conscience que nous vivons une des dernières chances de la solution bi-étatique.
Si la communauté internationale représentée par l’Assemblée générale de l’ONU accueille la Palestine d’ici à la fin 2011 et crée ainsi les conditions d’une négociation radicalement différente des précédentes, l’établissement d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël reste peut-être encore possible. Si elle s’y refuse, ou si, l’ayant acceptée, elle voit son élan brisé par le Conseil de sécurité, cela engendrerait une nouvelle déception dans la région et dans le monde, et la radicalisation des opinions palestiniennes et arabes que celle-ci susciterait précipiterait sans doute la maturation du projet d’Etat unique.
Il serait évidemment déraisonnable de ne pas saisir cette chance. Les Palestiniens ont assez souffert depuis la Nakba pour qu’on ne prétende pas faire la révolution sur leur dos : c’est aussi de leur droit à reprendre leur souffle dans leur Etat qu’il est question. Soixante-quatre ans après, l’entrée à l’ONU du second Etat, arabe celui-là, prévu par le plan de partage avorté du 29 novembre 1947, constituerait à la fois un événement historique et un tremplin essentiel pour de nouvelles avancées. Devenu le 194e membre des Nations unies, l’Etat de Palestine aurait accès – même s’il restait simple observateur – à l’ensemble des organisations du système onusien, à commencer par la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye et à la Cour pénale internationale (CPI) de Rome, sans parler des institutions financières, économiques et commerciales. Et surtout il pourrait exiger de traiter désormais, à égalité, avec l’Etat d’Israël, non plus dans le cadre du Quartet, mais dans celui de l’ONU et sur la base de ses résolutions. Les droits du peuple palestinien bénéficieraient ainsi d’un surcroît de légitimité, y compris le droit au retour ou à compensation : la négociation porterait, non sur leur principe, mais sur leur mise en œuvre. Bref, la règle du jeu elle-même changerait. A condition, évidemment, que la mobilisation populaire, sur place et dans le monde, ne faiblisse pas, afin d’aider à consolider et exploiter à fond ces nouveaux acquis en exerçant sur Israël les pressions plus que jamais indispensables.
S’il y avait encore le moindre doute sur l’importance de l’échéance et de la décision, il suffit d’observer, sur les sites Internet des principaux organes de presse de Tel-Aviv et des groupes de pression ultra-sionistes, la panique qui a saisi, depuis quelques semaines, le gouvernement de droite et d’extrême droite israélien ainsi que ses inconditionnels de par le monde. De même, à Washington et dans les capitales européennes les plus proches d’Israël, on ne sait visiblement plus quoi inventer pour dissuader l’Assemblée générale de se prononcer. Comment croire que cette mobilisation générale aurait pour but d’éviter… un piège tendu aux Palestiniens ?
Reste à savoir si ce branle-bas de combat sauvera le gouvernement Netanyahou-Lieberman-Barak du désastre annoncé. A en croire Ron Prozor, l’ambassadeur d’Israël aux Nations unies, c’est peu probable : dans un télégramme secret au ministère des affaires étrangères, révélé par le quotidien Haaretz 11), ce diplomate expérimenté et respecté dans son pays estime qu’Israël n’a « aucune chance d’empêcher la reconnaissance de l’Etat de Palestine ». Au terme de plus de soixante rencontres avec ses homologues à New York, il assure : « Le maximum que nous puissions espérer, c’est qu’un groupe de pays s’abstienne ou soit absent lors du vote (…) Seuls quelques pays voteront contre l’initiative palestinienne. » Même au sein de l’Union européenne, précise Prozor, il n’y en aurait que quatre : l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et la République tchèque…
C’est dire que beaucoup dépendra du courage – ou de la lâcheté – de Paris. Dans une lettre en réponse aux signataires d’une pétition en faveur de l’admission de l’Etat de Palestine à l’ONU, le ministre français des affaires étrangères écrivait le 19 août : « Si une relance du processus de paix n’intervenait pas d’ici septembre, la France a déjà annoncé qu’elle prendrait ses responsabilités sur la question de la reconnaissance de l’Etat de Palestine. » Curieusement, le 2 septembre, à en croire l’Agence France Presse, le même ministre présentait l’Assemblée générale des Nations unies comme « l’occasion de rouvrir le chemin de la négociation plutôt que de risquer une confrontation diplomatique stérile et dangereuse ». Alain Juppé serait-il en voie de « kouchnerisation » ?
Dominique Vidal est historien et journaliste, coordinateur et co-auteur de Israël-Palestine : un Etat ? Deux Etats ?, livre collectif à paraître en octobre chez Sindbad/Actes Sud.
Notes