TVA ou TEA

Dans les formes de manipulation, il y en a une qui consiste à dire que si vous êtes contre un fléau, vous seriez nécessairement pour une fausse bonne solution pour y remédier. Par exemple, si vous êtes pour diminuer la délinquance, vous êtes classés pour la peine de mort ou l'enfermement (dont on sait qu'ils en sont des causes). Et si nous libérions nos convictions et affirmions que pour diminuer la délinquance, il faut lutter contre l’enfermement. Pour diminuer la pollution des transports, il faut lutter contre les véhicules électriques (qui ne font que déplacer la production d'énergie). Enfin, affirmons qu'une taxe sur la consommation d'énergie n'implique pas le financement pharaonique d'entreprises privées pour des portiques (aujourd'hui dévoyés en outil de surveillance). Mais alors soyons constructifs et faisons des propositions.



Nous avons déjà décrit par le menu l'outil de flicage que constitue ces portiques (voir le billet Tous cobayes). Cet instrument de big-brother n'a bien entendu aucun rapport avec la volonté d'opter pour une sobriété énergétique et d'orienter (voire par la contrainte de mesures fiscales) la préférence à une consommation locale. Nous pouvons être pour une incitation, mais pas celle-là. Est-ce vraiment une éco-taxe ?

Puisque nous abordons le sujet des taxes, les média nous rapportent des sondages dûment orientés (car dûment financés) sur un soit-disant ras-le-bol fiscal. Personnellement, je n'ai aucun ras-le-bol fiscal sur l'imposition à 100 % au-delà de 1million € de revenu. Vous aussi, vous n'êtes pas concerné par ces revenus indécents ! Je vois que nous sommes sur la même longueur d'onde. Le problème n'est pas la levée de l'impôt. Je revendique tous les services publics et même d'avantage. Je revendique toutes les prestations sociales et voire d'avantage. Comme la plupart des français, j’exige une santé publique laïque et gratuite, une justice publique laïque et gratuite, un enseignement public laïque et gratuit, une eau potable publique laïque et gratuite, de l'air respirable…, des moyens de transports… etc, etc.

De l'argent en France, il y en a. Les récentes crises de répartitions des richesses que nous subissons le prouvent chaque jour. Il n'y qu'à voir comme notre PBI et l'industrie du luxe ne cessent de croître.

Mais n'y a-t-il pas des prélèvements injustes ?

Oui, les cotisations sociales. Comment ? Elles sont injustement trop faibles, de plus en plus réduites voire supprimées. Cet argent (notre salaire indirect) nous est retiré pour être donné en cadeau fiscal aux patrons. Et ce sans aucune compensation pour nous. Il faut y mettre un terme. Ces cadeaux ne font que réduire le prix de notre travail. Évidemment, il faut augmenter significativement le prix de notre travail, en particulier au travers des cotisations sociales. Cela aura pour effet immédiat de réduire l'âge de départ en retraite.

Je t'ai eu, tu pensais à un prélèvement à réduire. Oui, il y en a un : la TVA. Cet impôt indépendant des revenus. Comme il n'est pas proportionnel, plus vous êtes pauvre et plus il entame votre pouvoir d'achat de survie.

Nous avons d'un côté un besoin de taxe pour engendrer une sobriété énergétique et de l'autre une taxe injuste. Et si nous faisions d'une pierre deux coups ?

Nous avons tous les outils pour transformer un impôt injuste (Taxe à Valeur Ajoutée) en outils de promotion du local, bio et équitable (Taxe à Énergie Ajoutée). Il suffit de comptabiliser dans la production des biens et des services l'énergie qui a été utilisée. En appliquant un coefficient dissuasif (dix, cent, mille, …). La règle permettant en fin de course de pouvoir avoir une taxe proportionnelle à l'impact écologique. Un producteur bio qui livre à une épicerie de son village = 0 % de taxe. En plus, il livre à dos d’âne, soyons généreux : crédit d'impôt. A l'inverse, du blé transgénique (agrochimie intensive et polluante) nous vient de l'autre bout du monde : taxe dissuasive.

Mais c'est vachement compliqué et les industriels et de la distribution ne feront jamais le détail.

Ah bon. C'est pourtant ce qui est décrit dans une facture détaillée avec plusieurs niveaux de TVA. De plus, il a bien été mis en place un calcul séparé sur la participation au recyclage sans que les patrons soient dans la rue.

Mais c'est contre les accords de l'OMC.

Et alors. Si le principe même de l'OMC c'est de détruire les services publics, les protections sociales et la planète, je ne vois pas bien quelle compensation dérisoire peut nous faire rester dans un tel système. A combien estimes-tu le prix d'une planète ? La dernière goutte d'eau potable ? Le dernier litre d'oxygène ? Sûrement pas le coup de rester dans l'OMC.

L'énergie que nous consommons aujourd'hui est volée aux générations futures. Il n'est que justice de mettre en place une « pédagogie » pour en limiter l'usage.

Finalement, ce n'est pas si mal cette idée de TEA : Taxe à l’Énergie Ajoutée.



François